A- Dans le Gai Savoir (1882):
cf.
Sils maria, 26 août 1881.
Il
n’apparaît pas sous forme de doctrine, mais c’est
une inspiration “bizarre”.
Cf.
1882, 2nde édition, IV, 341 + 342 : “”la tragédie
commence”.
Il est donc ici placé sous l’égide de la “Gaya
scienza” :
a)
science : attitude et volonté eu égard au savoir
essentiel;
b) allégresse de la supériorité, imperturbable,
même dans ce qu’il y a de plus terrible et de plus
problématique.
L’éternel
retour a un caractère terrifiant; il est à la fois
le commencement du gai savoir et sa fin. Ie : il est ce que le
gai savoir doit savoir en premier et en dernier pour être
authentique. Le gai savoir serait ainsi la philosophie qui enseigne
l’éternel retour comme sa doctrine fondamentale.
Ainsi,
avant de faire commencer la pensée la plus lourde, ie,
la tragédie, il faut d’abord que N. crée le
penseur de cette pensée.
B- Zarathoustra, III (1883-84)
Le
“dernier homme”, c’est l’homme
d’aujourd’hui, considéré à partir
de l’homme appelé à le surmonter, à
partir du nouveau commencement.
Le
“surhomme” n’est pas un être
fabuleux mais celui qui identifie le dernier homme en tant que
tel et le surmonte. Il va au-delà du dernier homme, et
par là le taxe de “dernier”, soit, l’homme
jusqu’alors.
Cf. le prologue, où c’est le plus méprisable
(dégoût); alors que Z. n’en est qu’au
début de la voie dans laquelle il va devenir ce qu’il
est : il lui faut encore apprendre par lui-même (le mépris)
(cf. III, Du passer-outre et De la grande nostalgie).
Sur
l’aspect emblématique de son expression, cf; N. T.XII,
335 : “plus abstraite est la vérité que l’on
veut enseigner, plus elle devra parler aux sens pour séduire
celui à qui on l’enseigne”.
Selon
Heidegger, N. s’attache, dans Z., à
former une physionomie du docteur, et à travers son personnage,
celle de sa doctrine.
1)
De la vision et de l’énigme :
Z.
raconte l’énigme sur un vaisseau, faisant voile vers
la mer ouverte, inexplorée; il la raconte à l’équipage
(cf; un des chants du prince hors-la-loi, Gai Savoir, Appendice,
“vers les mers nouvelles”).
Le récit de son ascension se fait en deux images :
-la mer
-la haute montagne.
L’ensemble
des images du portique signifie que l’éternel retour
se rapporte au temps et à l’éternité.
Au nain, Z. dit qu’il ne suffit pas de dire que “toutes
choses tournent dans un cercle” pour savoir penser la pensée
de l’éternel retour. Il va alors méditer à
nouveau la vision à partir de l’instant (le nain
n’a rien appris de ce que signifie la connaissance réelle
de l’anneau des anneaux : surmonter au préalable
et sans relâche cette chose lugubre et affreuse qui se prononce
dans la doctrine).
2) Le convalescent
Les animaux de Z. ne sont pas quelconques, mais ils sont l’image
de l’essence de Z., de sa mission.
Il
les aperçoit pour la première fois à midi.
Le
vol circulaire de l’aigle est la figure de l’e.r.
; il est à la fois le plus altier et le plus sage (qui
marquent les attitudes fondamentales et les modes du savoir de
la doctrine de l’éternel retour).
Le
serpent enroulé figure quant à lui l’anneau
de l’e;r.
Ils
sont témoins de la solitude de Z., et ils lui parlent de
ce qu’ils symbolisent eux-mêmes : l’Er; ils
veulent s’assurer que Z. va trouver son être dans
son devenir (qui commence par son déclin).
Z.
appelle à lui sa profondeur ultime et ainsi parvient à
lui-même. La vie, la souffrance, le mouvement circulaire,
ne sont pas trois réalités différentes mais
coïncident dans l’Un.
Comme
le nain, ses animaux ne se doutent pas que cet acte de penser
est un cri du fond d’une détresse. Pour celui qui
se tient dans l’instant, le passé et l’avenir
courent l’un contre l’autre; et il faut s’y
maintenir-ce que ne faisait pas le nain. L’instant est la
collision de l’avenir et du passé (et non un fugitif
maintenant).
Z.
parvient donc à surmonter son dégoût du médiocre
en en reconnaissant la nécessité.
Ses
animaux l’invitent, bientôt, à chanter : la
pensée triomphante du convalescent doit être chantée.