Selon lui, les thèmes spécifiques de cette idée
sont ceux de la décision et de la dissolution du sujet.
N. veut établir sur cette doctrine son programme de renouvellement
de l’humanité. Et elle stipule que l’unique
voie pour accomplir ce saut qui doit conduire au surhomme est
la transformation de la manière de vivre le temps.
Problème : comment peut-on, en vidant de sens l’histoire
et le projet humain lui-même, fonder un programme de renouvellement?
Peut-être par là N. pense-t-il les fondements métaphysiques
de ce qui n’était encore, dans HH, qu’un “bon
tempérament” (I, 34). C’est une systématisation
du nihilisme de la philosophie d’avant midi. En effet cette
philosophie a aboli le monde vrai et a entraîné une
attitude de liberté d’esprit vis à vis des
erreurs sur lesquelles la vie est nécessairement fondée.
Or, si avec le monde vrai on a aussi aboli celui des apparences,
on ne peut s’en tenir à une philo historique et généalogique.
-
Pourquoi cette doctrine a-t-elle un contenu cosmologique?
La félicité totale n’est possible que dans
un monde qui cesserait d’être pensé dans cadre
de tomporalité linéaire, qui implique que chaque
moment n’a de sens qu’en fonction des autres susr
la ligne du temps. Dans cette structure, aucun moment vécu
(instant)ne peut réellement contenir en soi une plénitude
de sens. Il ne s’agit donc pas seulement de se construire
des instants d’existence si pleins et si intenses qu’on
en désire le retour éternellemnt, mais il s’agit
du fait que de tels instants ne sont possibles qu’au prix
d’une transformation radicale qui supprimerait distinction
monde vrai et apparent avec toutes ses implications (dont cette
structure linéaire du temps). L’er ne peut être
voulu que par un homme heureux, mais, il ne peut y avoir d’homme
heureux que dans un monde radicalement différent de celui-ci;
d’où l’exigence d’un contenu cosmologique
de cette doctrine.
- L’idée
de répétition (ou de circularité objective)
est-elle pour autant nécessaire?
En
tout cas, tout comme la damnation éternelle, cette doctrine
poséderait la capacité de nous transformer.
Mais, pour que l’idée du retour puisse jouer un rôle
décisif dans transformation de l’homme, elle doit
contenir davantage que l’aspect éthique, et c’est
ce que N. poursuit avec ses arguments “cosmologiques”.
Comme le montre De la rédemption, le destin, pour N, n’est
jamais ce qui nous arrive, mais une unité de sens voulue
et créée Il ne veut pas seulement l’acceptation
résignée des choses telles qu’elles sont,
mais il veut un monde où il soit possible de vouloir l’éternel
retour du même.
Problème : ne serait-ce pas un “énième”
monde vrai?
Le lien avec la décision serait là pour éviter
une théorisation de sa doctrine qui ne serait alors plus
qu’une structure vraie du monde à laquelle l’homme
devrait se borner à adhérer : la version “superficielle”
de l’er, celle du nain et de Z.
Selon Vattimo, si on ne peut lier décision et circularité
du temps, c’est que cette idée produit une action
si destructurante sur le sujet qu’elle devient littéralement
“impensable”.
Ainsi, l’effet que produit la pensée de l’er
(cf essai sur le nihilisme européen), c’est la découverte
de la volonté de puissance-dont l’essence est d’être
interprétative (cf. fait qu’il n’y a rien d’autre
que le monde apparent). Même le sujet qui interprète
est pris dans le jeu de l’interprétation, il n’est
lui-même qu’une position perspective d’une volonté
de puissance.
Pourtant,
il ne pense nullement que l’interprétation “volonté
de puissance” équivaut à “morale chrétienne”;
N. utilise, pour les départager, des critères physiologiques.
Cf.
PBM 22 où force et santé sont définissables
seulement en termes de capacité d’aventures, de multiplicté
de points de vue -pas en termes de qualités capables de
caractériser une perspective individuelle parmi les autres
et en opposition à d’autres.
L’existence du monde pensé comme volonté de
puissance est un monde privé de fondements, de structures
stables, d’essences, de garanties de tout genre.
Et
l’appel à la santé, la force, etc., répond
chez N. à l’exigence de trouver des critères
d’évaluation capables de disttinguer la valeur des
interprétations qui seules constituent le monde, sans faire
référence à des structures essentielles,
à des éléments derniers de type nécessairement
métaphysique.