PHILOCOURS.COM



Accueil
Cours
Corriges
Methode
Dossiers
Liens
Aide Perso
Fiches Bac
Programmes
Bibliographie
Accès Elèves

 

Accueil > Cours > Cours Nietzsche
page 1 | 2 | 3 | 4 |

Nietzsche, Naissance de la tragédie (1871)

dernière modification le 10/10/2007

 

 

Résumé: je propose ici des articles, un glossaire, des notes de lectures, etc., afin de vous aider à lire Nietzsche

liens associés

-

 

 


Bibliographie
A.Kremer Marietti, L’homme et ses labyrinthes, 10/18, 1972, surtout pp.175-196.

  • La figure de Dionysos

Dionysos (Dieu grec), l’être le plus débordant de vie, y incarne, au-delà de l’ivresse orgiaque, la surabondance existentielle, la vie comme puissance créatrice. Par opposition au déchaînement dionysiaque, Apollon est le symbole de la mesure, de la maîtrise rationnelle et de la sérénité. Ces deux principaux antagonistes trouvent leur réconciliation dans la tragédie de Sophocle et d’Eschylle. Mais la tragédie meurt lorsqu’Euripide, sous l’influence socratique, y introduit un rationalisme responsable de la décadence des instincts de vie. L’esprit fionysiaque survivra toutefois dans la musique allemande et plus précisément dans le drame wagnérien, que Nietzsche considère comme l’antidote à l’ascétisme socratique et chrétien et où il voit l’aube d’une nouvelle culture susceptible de lutter contre la perte du sens de la vie et des valeurs qui s’y rattachent.

  • Circonstances, contexte et influences

Il est à l’époque prof de langue et littérature grecque à Bâle. Il vient de servir comme infirmier dans l’armée allemande durant la guerre de 1870, l’impérialisme prussien et le pangermanisme sont triomphants, et la fin de siècle sent la “décadence”.

Il s’oppose au philologue Wilamowitz.

De plus, si on considère que le véritable titre est “la naissance de la tragédie enfantée par l’esprit de la musique”, il faut préciser l’influence non moindre de Wagner, à qui l’ouvrage est dédié.
L’influence de Schopenhauer : cf.sous-titre éd 1886.

  • Situation dans le corpus

Il cherche à modifier la vision traditionnelle du monde grec -ici, il s’agit de la tragédie antique, mais il s’agira plus tard de la philosophie présocratique. C’est toute sa “philosophie” qui commence par cette réflexion sur le sens de la tragédie grecque.

On peut considérer que sa pensée de l’art y prend sa racine.

  • Les thèses qui ont par la suite été transformées ou abandonnées sont au nombre de cinq

1) le Dionysos interprété dans la perspective de la contradiction et de sa solution sera remplacée par un Dionysos affirmatif et multiple


2) l’antithèse D-Apollon s’estompera au profit de la complémentarité D-Ariane

3) l’opposition D-Socrate sera de moins en moins suffisante et préparera l’opposition plus profonde D-Crucifié

4) la conception dramatique de la tragédie fera place à une conception héroïque


5) l’existence perdra son caractère encore criminel pour prendre un caractère radicalement innocent.

  • Objet général : le livre porte sur l’esthétique (de la musique au théâtre et à l’art de la fête) ; c’est un texte de théorie (à propos de la sensibilité artistique).

N. y lie les deux questions de l’esthétique et de l’existence; d’ailleurs, le sous-titre de l’éd de 1886 porte le sous-titre de “héllénité et pessimisme” (pessimisme : pensée qui estime que l’essence de la vie est la douleur, et qu’il n’y a pas d’issue heureuse, hormis celle du renoncement, de la ruse) -dont il ne se satisfait pas, en tant qu’il mène à l’inaction et à la fuite. Il préfère l’héroïsme des premiers grecs, qui regardent l’abîme de l’existence en face, qui acceptent la nécessité de l’expérience de l’effroi et de l’erreur, qui vivent dans le courage suprême, celui de supporter la vie en l’esthétisant, ie, en la présentant sous la forme sublimée, idéalisée, de l’oeuvre d’art. L’oeuvre d’art tragique rend alors la vie digne d’être vécue. Le tragique est un pessimisme fort (de la force).

  • Le tragique et la signification de l’art

a) Dans son aspect philosophique, il s’oppose à Hegel, pour qui l’art n’a pas d’avenir, ou plutôt, pour qui son avenir, c’est l’esthétique, donc, la philosophie. Dans son opposition, N. va différer en méthode : il va préférer au travail classique du concept philosophique la figure de l’énigme. Il va donc emprunter sa méthode aux grecs , en se risquant à invoquer les noms des divinités pour penser certains phénomènes qui échappent par nature à la clôture de la raison et du concept, et penser par là la fécondité irréfutable de l’art.


N. commence donc à soupçonner le discours philosophique d’impuissance et entrevoit une autre forme de pensée, intermédiaire entre le travail d’historien d’une civilisation et l’interprétation littéraire des signes de cette civilisation.

b) Dans son aspect ontologique, l’art nous révèle l’unité ultime du monde à travers les deux figures d’apollon et de dionysos. L’art, en tant ou du fait qu’il présente matériellement leur conflit, (la lumière de la belle forme contre les ténèbres du chaos) est une voie de déchiffrement de l’être.
Apollon, dieu de la sculpture, nomme l’unité des phénomènes de l’apparence plastique du jour (figure, délimitation, distinction, différence, individualité, conscience, surface, perfection, clarté, mesure, harmonie, rêve).

Dionysos, lui, nomme l’”innommable”, non pas l’abject au sens moral, mais ce qui évhappe à l’acte de nomination, parce que inaccessible à la claire intelligence humaine; dieu de la musique, il représente les forces obscures et terribles de la nuit : sexualité, ivresse, débordement, chaos, indistinction,indifférence (au sens logique), inconscience, profondeur, obscurité, confusion, démesure, violence.
L’histoire de l’art est faite de la lutte opposant ces deux figures, tantôt selon la juxtaposition, tantôt selon une intérpénétration, où Dionysos perce sous Apollon, comme, justement, dans la tragédie.

c) Dans son aspect éthique, il entend répondre aux esprits sérieux, par une allusion à Wagner et à Prométhée.

L’idée majeure par laquelle est dépassée l’idée d’une esthétique comme recherche de la compréhension des oeuvres d’art, est celle de l’existence humaine comme oeuvre d’art. C’est ici que s’exprime la puissance dionysiaque de la vie, la nature comme grande artiste.

  • Le tragique et la dialectique.

La vision tragique du monde s’oppose à la vision dialectique -cf. fait qu’ici, la mort de la tragédie est sa mort euridipienne, ie, par la dialectique de Socrate.

La dialectique, en effet, ne comprend pas le tragique : elle le lie au négatif, à l’opposition, à la contradiction (qui est celle du tragique et de la vie).

Cette contradiction se présente, dans OT, comme celle de l’unité primitive et de l’individuation, du vouloir et de l’apparence, de la vie et de la souffrance. Cette contradiction “originelle” porte témoignage contre la vie, elle la met en accusation : la vie a besoin d’être justifiée, ie, rachetée de la souffrance et de la contradiction. (On trouve ici les catégories dialectiques chrétiennes que sont la justification, la rédemption, la réconciliation).

La contradiction se reflète dans l’opposition de Dionysos et d’ Apollon. Apollon divinise le principe d’indivisuation, il construit l’apparence de l’apparence, la belle apparence, le rêve ou l’image plastique, et se libère ainsi de la souffrance (16). Dionysos, au contraire, retourne à l’unité primitive, il brise l’individu, et l’absorbe dans l’être originel : il reproduit la contradiction comme la douleur de l’individuation, mais les résout dans un plaisir supérieur, en nous faisant participer à la surabondance de l’être unique ou du vouloir universel.

D et A ne s’opposent donc pas comme les termes d’une contradiction, mais comme deux façons antithétiques de la résoudre : A., médiatement, dans la contemplation de l’image plastique ; D., immédiatement, dans la reproduction, dans le symbole musical de la volonté (OT, 5, 16 et 17).
La tragédie est cette réconciliation, dominée par D., qui est le fond du tragique, et le seul personnage tragique.

Le seul spectateur tragique = le choeur, car il est dionysiaque et voit dans D. son seigneur et maître (OT, 8 et 10).

Mais c’est A. qui développe le tragique en drame. Le drame est la représentation de notions et d’actions dionysiaques, l’objectivation de D sous une forme et dans un monde apolliniens.

Problème : comme le dit N. lui-même dans Ecce Home, III, 1-4 l’OT “sent l’hégélianisme d’une façon assez scabreuse” ; en effet, la contradiction et sa solution y jouent un rôle, encore, de principes essentiels -on voit bien que l’antithèse se transforme en unité...

Cf. plan :

(1) par.1 à 10 : thèse de la tragédie
(2) par.11 à 15 : antithèse de la tragédie
(3) par 16 à 25 : ranaissance de la tragédie (dans musique allemande)

Dans OT, le tragique dans son ensemble est donc défini comme la contradiction originelle, sa solution dionysiaque et l’expression dramatique de cette solution.

  • L’opposition à la tragédie-catharsis

Cf. par. 22, où il signale les deux interprétations possibles de celle-ci : sublimation morale, purgation médicale. Pour N, le tragique désigne, non l’exercice de passions déprimantes, mais la forme esthétique de la joie. Ce sont les mauvais auditeurs qui donnèrent un sens médiocre à la tragédie, issu de la mauvaise conscience.

  • La réception du livre à son époque

Il fut très mal accueilli :


1) les philologues attaquèrent Nietzsche sur un plan scientifique : Willamovitz et Moellendorf dénonçèrent les erreurs chronologiques, les conjectures aventureuses, les extrapolations, les partialités. Ils lui reprochèrent aussi de mêler à la science l’appel politique ou éthique.

2) Ritschl, le maître, garda le silence.

 

 

 

Accueil > Cours > Cours Nietzsche Naissance tragedie page 1 | 2 | 3 | 4 |
© Philocours
Accueil | Haut de page