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Accueil > Cours > Cours Nietzsche éternel retour
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L'éternel retour du même chez Nietzsche : l'interprétation de K. Löwith

page créée le 4/10/2007

 

 

Résumé: l'éternel retour serait, selon Heidegger,le fondement même de la pensée de Nietzsche. Vous trouverez ci-dessous, d'abord, une présentation générale de cette notion, à travers deux oeuvres dans lequelles elle apparaît de façon pertinente. Puis vous trouverez des interprétations de la notion par des spécialistes de l'auteur. Enfin, je propose pour ceux qui voudraient aller plus loin un "grand cours" sur l'éternel retour, centré sur Zarathoustra (cours payant)

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  • Une doctrine anthropologique ?
  • Une doctrine scientifique ?
  • L'échec de la doctrine

 

 



  • Une doctrine anthropologique ?

Elle est le projet d’une “nouvelle façon de vivre”.

Cela, parce que selon N., toutes les valeurs valides à présent sont anéanties, nos valeurs, nos buts, nos fins, s’affaiblissent et s’anéantissent mutuellement. La modernité est malade de n’avoir ni oui ni non, de ne pas savoir où investir son courage. Ainsi : “toutes les fins sont anéanties. Les hommes doivent s’en donner une (...) les préalables de tous les buts d’antan sont anéantis”.

N. oppose à cette perspective de la modernité la pensée de l’éternel retour (“face au sentiment paralysant de dissolution générale, je brandis l’éternel retour”). L’homme doit être élevé au-dessus de soi (cf. surhomme) et devenir le “seigneur de la terre”, le législateur du futur dans un nouveau monde humain hiérarchisé par le rang et la puissance.

C’est en cela que cette doctrine est anthropologique : elle se présente en effet comme “suprême centre de gravité éthique” pour la volonté ayant perdu ses buts dans une existence devenue éphémère. Elle veut frapper la modernité de son accent le plus lourd : celui de la responsabilité du futur.

  • Le contrepoids à la modernité du christianisme déchu

Depuis que la foi religieuse décroît, il faut poser la question : “comment donner une pesanteur intérieure à la vie,” et la doctrine du retour doit, en tant que pensée qui “discipline” et qui “pèse”, appesantir la vie de l’homme par l’impératif catégorique : vivre chaque instant de telle façon qu’on puisse toujours vouloir son retour.

  • Une nouvelle image de l’homme : le surhomme

Cette doctrine veut changer notre image de l’homme (et elle redéfinit à la fois l’homme et ses affects). Zarathoustra en est le modèle, car il est le type suprême de l’homme se commandant à soi-même. (Mais cet homme qui s’est surestimé soi-même a déjà existé : dans l’Antiquité, et à la Renaissance).

  • Le nouvel impératif catégorique : le vouloir de l’immortalité

Cette doctrine est donc orientée vers le futur de l’homme européen. Elle veut créer un nouveau “pourquoi faire”, de nouveaux horizons. Elle est un marteau créateur entre les mains du plus puissant des hommes (ie : celui qui a dépassé la volonté de néant).

Elle veut élever cette existence finie à une signification éternelle. Ce qu’elle enseigne n’est pas une vérité, mais un postulat pratique : “vivre de telle sorte que tu souhaites revivre, voilà ta tâche”.


Le retour n’est pas un événement futur, ni l’incessant retour du même, mais une volonté de renaissance (qui consiste à supporter notre immortalité). Pour cela, il faut désirer et vouloir que tout revienne de la même façon.

Le temps de l’éternel retour n’est donc pas un éternel présent mais le temps futur d’un but délivré du fardeau du passé et issu de la volonté d’avenir. L’éternité est alors le but voulu d’une volonté de pérennisation.

  • Une fiction?

Si bien qu’on peut comprendre cette doctrine comme une fiction, comme un “comme si” il y avait un retour objectif. (cf. “pensons aux effets possibles d’une damnation éternelle”).

La signification cosmique, ou théorique, de la doctrine, semble être en contradiction avec le surhomme : en effet, dès lors, quel sens attribuer à vouloir se surmonter, vouloir un avenir européen, et même vouloir tout court?

 

  • Une doctrine scientifique ?

N. a essayé de fonder scientifiquement l’éternel retour comme structure temporelle du monde.

  • La proposition scientifique de la conservation de l’énergie exige l’éternel retour.

Cette conception du monde affirme le mouvement circulaire sans but, sans début ni fin, d’une certaine quantité d’énergie qui se conserve. Le monde n’a ni origine ni fin, car il n’est pas la création d’un dieu arbitraire créant un jour l’être à partir du néant, il est à chaque instant début et fin en même temps, une constante transformation du même.

  • Problème : comment ce monde des rythmes cosmiques, qui pour ainsi dire se veut soi-même, est-il conciliable avec la volonté humaine de puissance et de soumission, de domination de l’autre et de soi, du dépassement et du dépassement de soi?

On peut dire que N. y répond dans le Zarathoustra, en disant que l’homme et le monde sont une vie indivise dont le propre est de se surmonter : la volonté de puissance est une modalité du dépassement de soi de tout ce qui est vivant d’une vie commune, la vp étant un vouloir commander et obéir de tout ce qui est vivant.

  • Critique

N. veut rétablir, par une interprétation cosmique de la vp, l’unité et l’ordre perdu de l’ensemble de l’être. Ce que cette doctrine de l’er veut réinstituer, après la dissolution de l’interprétation chrétienne de l’existence, commencée avec Descartes, c’est la vision présocratique du monde.


Mais, N. reste prisonnier du nihilisme et du positivisme de son siècle ; sa tentative de les lier par la loi toujours égale du monde circulaire reste donc vaine.


De plus, il semble qu’il n’y ait rien de plus étranger au rapport originel et naturel du monde à la nature que cette volonté de dépasser les forces physiques du cosmos par un “fils de l’homme” antichrétien.

 

  • Pourquoi sa doctrine échoue-t-elle?

Cf. Chapitre IV : la “reprise antichrétienne de l’antiquité au sommet de la modernité”:


S elon Löwith, l’impossibilité de s’en tenir à la philo d’avant midi et de lui trouver une alternative théoriquement cohérente, s’explique par le fait que N., trop enraciné dans la tradition christiano-moderne, ne peut concevoir l’er (ie : la récupération d’une vision grecque, naturaliste, de l’existence) sinon comme le résultat d’une tension projectuelle, comme une rédemption qu’il faut atteindre, et qui, en définitive, devrait rendre l’homme éternel, ie, lui enlever précisément cette mortalité naturelle qui inspirait le naturalisme antique.

Si cela échoue, c’est donc parce que, chez N., le rapport de l’homme et du monde reste irrésolu; et que N. qui a voulu être grec, a été en réalité profondément chrétien, dans le moment où il a manifesté une irrésistible volonté de futur, elle aussi vouée à l’échec après la perte du dieu chrétien qui aurait pu apparaître comme le sens du mouvement.

Bref selon L. la doctrine de l’er est une théodicée dans laquelle est recherchée l’harmonie entre la marche du monde et l’existence humaine

 

 

 

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