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Accueil > Cours > Cours Nietzsche Crépuscule des idoles
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Nietzsche, Crépuscule des idoles (1888)

“Comment le “monde vrai” devint fable -histoire d’une erreur”

page créée le 2/10/2007

 

 

Résumé: vous trouverez ci-dessous des notes de lecture, que j'ai essayé d'organiser le mieux possible; ce n'est donc pas un cours à proprement parler. C'est un guide pour qui voudrait se lancer dans la lecture de Nietzsche. J'ai mis les concepts clef de sa philosophie en caractères gras; ces concepts seront dans la mesure du possible recensés et définis dans un glossaire qu'il est impératif de consulter pour comprendre ces notes. Bon courage.

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I- De quoi s'agit-il ?

  • c'est une histoire de la philosophie (assez schématisée)
  • il expose en même temps de façon condensée et ironique ce qu'il entend par “métaphysique”

  • Quel genre d'histoire ? Est-ce une histoire factuelle ? Non :c’est une analyse psychologique de son origine.

Cette histoire est avant tout une généalogie, non un déroulement des faits : elle est l’expression de forces et de valeurs. En plus d’être une généalogie, l’histoire est une typologie (la vie s’exprime selon des types, cf. fort/faible). Cette généalogie a pour échelle de mesure la vie, ou, la volonté de puissance.

  • Cette histoire va avoir plusieurs stades, mais qui se retrouvent en un même geste double, à savoir, la scission de la vie en deux mondes (l’un valorisé, l'autre dévalorisé...).
  • Ce qu'on retrouve à chaque étape : la métaphysique, qui est selon N. un désir (mondain) d’échapper au monde -ce par quoi elle reste inscrite dans le monde d'ailleurs. Elle propose des valeurs (impures) et constitue une interprétation (nécessairement partiale) du monde. En général, elle est le symptôme de la peur devant l’innocence du flux du temps.
  • Ces stades sont :

1- son instauration avec Platon
2- son déploiement culturel dans le christianisme
3- l’un de ses derniers avatars systématiques dans le kantisme

  • N. jette donc un regard rétrospectif sur une philosophie, qui est platonicienne ; c'est-à-dire : c’est l’histoire d’une erreur qui va être une explicitation et interprétation du platonisme, un cheminement de décadence, le parcours du nihilisme.
  • Cette histoire de la philo, qui est l'histoire d'une erreur d'interprétation, est aussi l'histoire de la décadence de la pensée occidentale (de ses formes successives ...)

Il montre comment le contre-idéal d’une pensée autre surgit du fond même du nihilisme. Ce n’est pas un autre idéal, mais autre chose qu’un idéal -en effet, toute pensée de l’idéal est dualiste, cf.la métaphysique. Cette pensée métaphysique a sa racine chez Socrate : tout dialogue est dualiste, en tant qu’il est un rapport d’affrontement entre deux adversaires. Cette méthode de dialogue accède au rang de théorie chez Platon, qui le transforme en dualité sensible/intelligible. La pensée dualiste a dominé la pensée occidentale de Platon à Kant.

 

II- Explication du texte

6 étapes :

1) Platon et le monde vrai


Le monde vrai est accessible au sage, par l’ascèse. La vertu consiste à se détourner du sensible, ie, de la vie, du désir, et de l’immédiat. La subversion initiale et radicale de la métaphysique est celle du suprasensible et du sensible. Le monde vrai est celui de la théoria, de l’identique. Avec Platon, la subversion-division n’atteint pas sa forme ultime.

2) Progrès de l’identique (suivi de décadence) : le christianisme


L’homme platonicien était sage et vertueux, mais aussi, pieux. La pitié est l’acte de se soumettre... Abaissement, dénégation de sa propre valeur, devant un monde sacré; volonté de néant. Cf. Pascal : l’homme religieux, pieux, est celui qui se mutile, s’humilie. (pourtant, pensée de la hauteur).


Malgré l’affirmation selon laquelle le christianisme est un “platonisme pour le peuple”, il n’y a pas équivalence. En effet, alors que le suprasensible était accessible, celui-là ne l’est pas maintenant, il est juste promis aux pécheurs repentants. Le dualisme, maintenant, est celui de l’intelligible et du suprasensible. Le platonisme apparaît comme forme aténuée du christianisme. Et, chez Socrate et Platon, c’est déjà le christianisme qui émerge. Le monde vrai est irréductiblement ailleurs, autre, que la vie ici-bas.


La rupture ici-bas/là-haut est totale, et accomplit la subversion. Il fait donc voir toutes les conséquences du platonisme en portant à leur apogée l’inversion haut/bas et la coupure.

Pourtant, ce texte reste dualiste, puisqu’il affirme trois attitudes hautes et trois attitudes basses.

Pas de progression linéaire ni dialectique : il développe son origine en l’explicitant. C’est une histoire typologique.

3) Le monde vrai et la philosophie kantienne


Monde inaccessible maintenant et pour toujours : le monde moral est consolation, engagement, impératif. Le monde suprasensible est le postulat de raison pratique, qui aide à vivre. On ne peut rien dire de cet au-delà.
C’est une nouvelle forme de l’erreur, mais sans progrès. Forme modernisée de l’erreur, ie, au goût de la science.


La dualité est toujours aussi complète.

“Le vieux soleil au fond” : Athènes, nommée à partir de la brume de Köniksberg.

4) Le monde vrai et le positivisme (l’aube).

Ni consolation, ni salut,ni obligation. S’applique à l’idéalisme post-kantien. Il reproche aux positivistes leur faitalisme. Ici, le positivisme = comme la propédeutique de N. En effet, 1 2 et 3 se situaient dans position basse.

On part de l’inaccessibilité du monde vrai en cherchant les implications sur le mode d’un syllogisme. Mise en question du monde vrai. Premier ébranlement : changement essentiel, car la thèse du dualisme est abandonnée. Si N. se réclame du positivisme, il s’oppose au culte des faits.

Le positivisme ne serait-il pas l’Aufklärung? Cf. Humain trop humain, dédié à Voltaire...

5) Etape proprement nietschzéeenne : l’idée d’un monde vrai est abolie (aurore)

Le monde vrai est ici entre guillemets ; cela, afin de récuser ce qui y est mis. C’est un acte de suspicion et de suppression.

Pour N., une idée doit engager l’homme à quelque chose ; or, l’idée d’un monde vrai est étrangère à l’homme, elle n’est donc rien pour lui. Ce qui n’engage à rien n’est rien pour moi, ni n’est en soi. Affirmation du perspectivisme et renversement de la subversion.


6) Avènement de Z. : le monde vrai est aboli, ainsi que le monde des apparences

Fin de la plus longue erreur. Ce qui est supprimé est une certaine façon de penser. Il y a transformation du schème d’appréciation, du rapport aux valeurs, retournement du regard appréciateur de la vie. Le sensible est pensé d’une manière nouvelle, non antagoniste.


Opposition surhomme-dernier homme : le dernier s’enfonçe dans nihilisme, et vit passivement Le surhomme vit par-delà la dualité bien et mal.

La vie est référée au sensible, à la lumière : cf.midi : Antiplatonisme ; le soleil comme premier symbole de N. ; cf. NT : Apollon et soleil. Z : midi et éternité ; HH, I, 638. Il récuse le monde apparent et transfigure le monde sensible par la lumière et la danse. Cf.plénitude de l’instant.

La longue erreur du christianisme est la prétention au monde vrai. La fin de celui-ci est cet inaccessible qui n’est rien pour l’homme...


Résumé

On voit ici que l’histoire de l’erreur du monde vrai a permis le phénomène Zarathoustra.

Les étapes de l’histoire de l’erreur-vérité montrent qu’elle a été d’abord platonicienne : le “monde-vérité”, accessible d’abord au sage, au religieux, au vertueux

Ensuite, chrétienne : “le monde vérité” inaccessible pour maintenant, mais promis au sage, au religieux, au verteux.

Puis kantienne : le “monde vérité” inaccessible, indémontrable, impossible à promettre, mais une consolation, un impératif.

Ensuite, le positivisme le tient pour inconnu.

 

Chez N. le monde-vérité comme Etre et le monde des apparences comme néant sont supprimés, c’est le moment de Zarathoustra, “la fin de l’erreur la plus longue”. Le mythe de Z. signifie donc l’abolition de l’erreur. L’homme qui connaît et accepte sa contradiction profonde connaît l’amor fati, ie, accepte et affirme la structure de Dionysos. Vouloir vivre esthétiquement c’est vouloir vivre toutes les forces affirmatives.

 

 

 

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