C’est
une métaphore cosmologique (tendance sans frein à
augmenter le quantum de puissance)
Elle
est “ce qui veut” (non, comme la force, “ce
qui peut”).
1)
Par rapport à la force, elle est l’élément
généalogique. Elle s’ajoute à la force,
mais, comme élément différentiel et génétique,
comme élément interne de sa production.
a) élément différentiel : élément
de production de la différence de quantité entre
deux ou plusieurs forces supposées en rapport;
b)
génétique : élément de production
de la qualité qui revient à chaque force dans
ce rapport.
Il
faut noter que si elle s’ajoute nécessairement aux
forces, c’est seulement à des forces mises en rapport
par le hasard.
Il
y a de la volonté de puissance dans la force réactive
ou dans la force dominée, comme dans la force active ou
dominante. Ainsi, la volonté de nier, et le nihilisme,
sont de la volonté de puissance (cf. GM, III, 28).
Toutefois,
si l’affirmatif et le négatif sont les qualités
primordiales de la volonté de puissance, ou les qualités
immédiates du devenir, l’actif et le réactif,
quant à eux, ne sont que les qualités originelles
de la force. Ce sont même les moyens de l’affirmatif
et du négatif. Il faut donc dire que l’affirmatif
est la puissance de devenir actif, et que le négatif est
le devenir réactif.
c) C’est donc la volonté de puissance qui interprète
(détermine la force qui donne un sens à la chose).
De
même, elle est ce qui évalue (VP, II, 29) (détermine
la volonté de puissance qui donne à la chose une
valeur). C’est donc qu’elle est à proprement
parler l’élément énéalogique
: elle est en effet ce dont dérivent la signification du
sens (s’exprime dans la qualité de la force) et la
valeur des valeurs (qualité de la vp).
2)
La volonté de puissance se manifeste
En
effet, elle est déterminée par les forces en rapport;
elle est toujours déterminée en même temps
qu’elle détermine, et qualifiée en tant qu’elle
qualifie. Ainsi dit-il qu’elle est la forme affective primitive,
d’où dérivent les sentiments (VP, II, 42).
Ie : la vp se manifeste comme la sensibilité de la force.
Devenir des forces.
3)
Elle est aussi le principe de la synthèse des forces.
Par
là, elle a rapport avec l’éternel retour.
4)
Il ne faut surtout pas croire ou dire que la volonté de
puissance est une volonté qui veut la puissance, qu’elle
désire ou recherche la puissance comme une fin, ni que
la puissance en soit le mobile. Ou même, encore, qu’elle
veut la domination.
a)
En effet, la puissance n’est pas l’objet d’une
représentation.
Par
là, N. s’oppose à Hobbes, ou à Hegel
(cf. Deleuze, p.91), qui conçoivent la volonté de
puissance comme volonté de se faire reconnaître.
cela, pour N., est une fausse image du maître, qui ressemble
seulement à l’esclave triomphant. La notion de “représentation”
(d’avoir un représentant et être représenté)
est le produit de l’esclave.
b) Comprise comme volonté de se faire reconnaître,
la volonté de puissance est nécessairement volonté
de se faire attribuer des valeurs déjà en cours
dans une société donnée. La puissance n’est
pas non plus concevable comme acquisition de valeurs attribuables.
On a donc ici le conformisme, ie, la méconnaissance de
la VP comme création de valeurs nouvelles.
c) De Hobbes à Hegel, la VP est engagée dans un
combat, car c’est le combat qui détermine ceux
qui recevront le bénéfice des valeurs en cours.
Or, les notions de lutte, de guerre, de rivalité, ou
de comparaison, sont étrangères à conception
nietzshéenne de la VP. La lutte n’est pas pour
lui créatrice de valeurs. Elle est plutôt le moyen
par lequel les faibles l’emportent sur le fort. (contre
Darwin, la lutte sélectionne les faibles! cf. VP, I,
396).
Conséquence
de ces trois contre-sens : il faut trouver une limitation, rationnelle
ou contractuelle, afin de la rendre vivable et résoudre
sa contradiction.
d) chez Schopenhauer, il faudra même carrément
nier cette volonté.
e) Pour Nietzsche, vouloir c’est créer et la volonté
est joie. (La création et la joie sont l’essentiel
dans l’enseignement de Zarathoustra). Vouloir libère.
Il
faut dire, contre les philosophes antérieurs, que la puissance
est ce qui veut dans la volonté. Elle est son élément
génétique et différentiel. Elle est ce qui
interprète, ce qui évalue, ce qui veut. Elle détermine
le rapport de la force avec la force, et qualifie les forces en
rapport. Elle veut donc tel rapport de forces, telle qualité
de forces, ainsi que telle qualité de puissance : affirmer,
nier.
Cf. Z, III, “Des trois maux” : “désir
de dominer, mais qui voudrait appeler cela un désir? (...)
son vrai nom : vertu qui donne”.