Ne
se confond pas avec l’aggressivité; c’est le
type où les forces réactives l’emportent sur
les actives; il ne ré-agit pas; la réaction n’est
pas agie, mais devient quelque chose de senti. Ainsi, selon Deleuze,
p.131, c’est une réaction qui à la fois devient
sensible et cesse d’être agie (maladie).
L’homme du ressentiment est envahi par les traces mnémiques,
la montée de la mémoire dans la conscience.
C’est un homme qui n’agit plus ses réactions,
et qui cherche une cause de sa souffrance : il accuse tout ce
qui est actif dans la vie, et il fait que les forces actives deviennent
réactives (son but est que la vie tout entière devienne
réactive, ie, que les bien-portants deviennent malades).
Ce qui caractérise donc cet homme, c’est qu’il
a besoin que les autres soient méchants pour pouvoir se
sentir bon : “tu es méchant, donc, je suis bon”
(GM, I, 10). L’esclave est par exemple celui qui a besoin
de d’abord poser que l’autre est méchant :
il a besoin de concevoir un non-moi, et de s’y opposer,
pour enfin se poser comme soi. Ici, le positif est la conclusion
de prémisses négatives (GM, I, 11).
La dialectique est donc, pour N., l’idéologie même
du ressentiment... (cf. GM, I, 13, et Deleuze p.140 : “l’agneau
logicien”).
Celui qu’on disait bon est méchant (celui qui agit,
qui ne se retient pas d’agir, ie, ne considère pas
l’action du point de vue des conséquences qu’elle
aura sur des tiers). Le bon se retient alors d’agir...
Cela donne le schéma suivant :
le bon (éthique) --> mauvais (morale) --> bon (morale)
(le bon et le mauvais étant la différence originelle
entre forces qualifiées)
Ce qui n’a rien à voir avec la dichotomie bien/mal,
qui désigne l’échange, l’inversion,
le renversement de leur détermination (GM, I, 17). Valeurs
nouvelles, mais, qui sont créées en renversant le
bon et le mauvais. Ie : on les crée en se retenant d’agir,
en commençant par nier; ces valeurs cachent donc une haine
contre la vie, contre tout ce qui en elle est actif et affirmatif.
Cessant d’être agies, les forces réactives
projettent l’image renversée (c’est donc une
fiction), qui préside à l’évolution
du ressentiment, ie, aux opérations par lesquelles, à
la fois :
a) la force active est séparée de ce qu’elle
peut (falsification)
b) accusée et traitée de coupable (dépréciation)
c) les valeurs correspondantes renversées (négation).
Celui qui “ose” ce renversement, c’est le prêtre
(juif) : en effet,
1) il assure le triomphe des forces réactives,
2) mais il est volonté de puissance nihiliste.