Dans
Généalogie de la morale, II, 16, elle
prend le relais du ressentiment en tant qu’il a amené
l’accusé à reconnaître ses torts,
à se tourner en dedans. Ce n’est donc pas un type
à part, mais une sorte de variante. L’ancienne
force active va produire de la douleur (II, 18) en retournant
la force active contre soi (cf; “c’est la même
force active qui est à l’oeuvre chez ces organisateurs
et ces artistes de la violence et qui se crée une mauvaise
consicence, et bâtit des idéaux négatifs”).
Elle est définie, en II, 17, comme l’instinct de
liberté (ou volonté de puissance) refoulé
et qui, rendu captif à l’intérieur, ne trouve
plus qu’à se déchaîner sur lui-même;
c’est la volonté de se maltraiter soi-même.
La mauvaise consience active est la matrice des phénomènes
idéaux et imaginaires.
1-force active = intériorisée
2- force intériorisée = fabricatrice de douleur
3- la douleur = intériorisée, spiritualisée
(ie : on en fait la conséquence d’un péché,
d’une faute -cf. III, 20); c’est la mauvaise conscience
comme culpabilité.
En III, 20, on voit bien que c’est encore le prêtre
(chrétien) qui fait passer de 1) à 3); c’est
le christianisme qui change la direction du ressentiment, en disant,
non plus “c’est ta faute”, mais “c’est
ma faute”. (Noter que le prêtre est celui qui se rend
maître de ceux qui souffrent, en agissant, toujours, par
fiction; et, surtout, qu’il ne se confond pas avec les forces
réactives, mais qu’il les mène, les fait triompher,
leur insuffle une volonté de puissance; cf. III, 15 et
18).
C’est
maintenant en lui-même (non dans les autres, comme dans
le ressentiment) que l’homme réactif doit trouver
la cause de sa souffrance (III, 20 et 15). La “faute”,
c’est celle que j’ai commise.
La mauvaise conscience repose sur le détournement de l’activité
générique, sur son usurpation, et sur la projection
de la dette.
Elle s’oppose à la conscience malheureuse
hégélienne, qui n’est qu’un
symptôme. Le sentiment de culpabilité n’est
pas la voix naturelle de la raison en nous, ni même celle
de Dieu, mais elle est une maladie grave, qui, de l’inhibition
des instincts naturels, va jusqu’au retournement de son
aggressivité contre soi-même.