Dionysos est illusion, donc, remède à la connaissance
; ou encore, le dévoilement terrifiant de la volonté
tragique. L’homme dionysien, qui accède à
la connaissance de l’être, est guetté par le
dégoût de vivre, et doit appeler l’illusion
esthétique à son aide pour obtenir le soulagement
de ses souffrances.
La naissance de la tragédie
Dionysos résout encore la douleur : sa joie est donc encore
une joie de la résoudre et de la porter dans l’unité
primitive. Plus tard, il prendra conscience du sens et de la valeur
de ses propres métamorphoses : il sera le dieu pour qui
la vie n’a pas a être justifiée, pour qui elle
est essentiellement juste. Cf. son opposition ultérieure
au Christ.
L’opposition majeure est ici celle entre Dionysos et Apollon
(l’opposition est celle de la vérité dangeureuse
contre le mensonge consolateur ; en effet, l’instinct apollinien
a pour finalité de travestir, grâce aux fonctions
esthétiques, l’intolérable vérité)
; même si, dans une certaine mesure, elle se révèle
être avant tout celle entre D. et Socrate (Cf. “Socrate”).
L’antithèse D. et A. sera donc progressivement transformée
dans l’oeuvre de N. ; à celle-ci, qui est celle entre
dieux qui se réconcilient dans la douleur, se substituera
d’abord la complémentarité plus mystérieuse
D.-Ariane ; car une femme, une fiancée, sont nécessaires
quand il s’agit d’affirmer la vie.
De même, l’opposition D-Socrate sera remplacée
par la véritable opposition : celle de D et du crucifié
(Jésus) (EH, IV, 9 et VP, III, 413 ; IV, 464). En effet,
celui qui nie avant tout les valeurs esthétiques, seules
reconnues par l’OT, c’est, dit-il plus tard, le christianisme
-qui n’avait pas encore été identifié
par N. C’est par cette opposition que, enfin, D. est le
symbole de l’affirmation de la vie. Il faut noter que cette
opposition n’est pas dialectique, mais une opposition à
la dialectique elle-même.
Préface,
1
: la tragédie en est née
3 : Dionysos
4 : “qu’est-ce que le dionysiaque?” ; art dionysiaque
= art comique. Le “possédé” = “l’homme
dionysiaque originaire” = représenté comme
un satyre par les grecs
5 : qualifie la contre-évaluation de la vie
6 : musique dionysiaque opposée à la fois à
musique romantique et musique allemande
7 : “ce démon dionysiaque qui a nom Zarathoustra”
1 : s’oppose à l’apollinien (art plastique);
“ces deux impulsions si différentes marchent de front”;
“combat des contraires”; l’oeuvre d’art
qui est les deux à la fois est la tragédie attique;
rêve versus ivresse;
Apollon = le dieu de toutes les formes plastiques, et le dieu
prophétique (étymologie : le brillant, le dieu de
la lumière) ; il règne sur la belle apparence du
monde intérieur de l’imagination. “suprême
image divine du principium individuationis, dont le geste et le
regard nous disent tout le plaisir et toute la sagesse de l’apparence,
ensemble avec sa beauté”.
2 : “jusqu’à présent
nous avons considéré l’apollinien et son contraire,
le dionysiaque, comme des forces artistiques qui jaillissent de
la nature elle-même sans la médiation de l’artiste
et par lesquelles la nature trouve à satisfaire primitivement
et directement ses pulsions artistiques “; cf.l’ivresse
de Dionysos, qui cherche à “anéantir toute
individualité pour la délivrer en un sentiment mystique
d’unité” (cf.ivresse dionysiaque associée
au “déssaisissement mystique de soi”)
Les fêtes dionysiaques : débordement de frénésie
sexuelle dont les flots submergeaient toute l’institution
familiale et ses règles. “Fêtes de la délivrance
universelle” (cf. “jours de transfiguration”).
“Dans le dithyrambe dionysiaque,
l’homme est porté au plus haut degré de toutes
ses facultés symboliques”