1-
Analyse sommaire du texte d’Aristote,
Physique, II, 1 : vers une première approche
de la distinction conceptuelle nature/ technique
Question
directrice : qu’est-ce qu’un être naturel ?
Thèse : définition négative de la nature
: ce qui n’est pas produit par l’homme (définition
génétique = mode de production)
Développement de la thèse : distinction entre deux
domaines de l’être : tout ce qui existe, existe soit
par nature, soit par l’art/ la technique. La technique désigne
ici ce qui est fabriqué par l’homme, ce que l’homme
ajoute à la nature… ; mais encore, ce qui existe
par nature, contrairement à ce qui existe par l’art,
a le pouvoir d’agir et de se mouvoir à l’intérieur
de lui-même. Cf. l’herbe versus la montre ou l’ordinateur
; ou bien l’homme et le robot...
(donc
: on est en présence de différents genres de production,
et de différents genres d’être).
2-
Cette distinction vous paraît-elle si évidente ?
Reportez-vous aux progrès techniques actuels. Comment pourrait-on
se servir de cette actualité pour critiquer la thèse
d’Aristote ? En se demandant, pour aller au fond du problème,
s’il existe bien une manière de faire proprement
humaine (qui ne serait alors pas naturelle ?) ; si la manière
de faire proprement naturelle a un sens ou si tout n’est
pas pareil. De même, est-ce que ce fabrique l’homme,
même par exemple les produits dits « chimiques »,
n’est pas naturel ?
3-Aujourd’hui,
on assiste à une résurgence des mouvements écologistes
: on critique la technique qui aurait pour essence de détruire
la nature. Cela sous-entend donc que la distinction nature et
technique est non seulement ontologique, mais encore, morale.
Essayez de trouver, à partir de la distinction aristotélicienne,
comment on peut passer de l’une à l’autre distinction.
Cf. :
- antériorité chronologique de la nature par rapport
à la technique
- rapport d’imitation et de rivalité (l’une
fait mieux que l’autre et l’autre essaie de s’approprier
l’autre pour faire pareil ou mieux !) cf. mythe de Faust,
de Frankenstein, etc.
- potentiel destructeur de la technique : introduit nouveaux objets
dans nature, transgresse certaines barrières naturelles,
etc. sans se soucier des conséquences…
- nature = bel ordre (cf. écosystème) et technique
= désordre
Il
convient de se demander ce qui fait que la technique a ce potentiel
destructeur. Cf. technique comme règne des moyens, de l’efficacité
; oubli de penser aux fins, etc. Mais alors attention : on parlera
d’amoralité (qui n'a rien à voir avec la morale)
et non pas d’immoralité (qui est contraire à
la morale) !
Attention également à ne pas faire de la nature
une sorte de personne douée d’intentions… ou
bien une sorte de pouvoir interne aux êtres…
Problème n° 2 : la technique et l’homme
: la technique, humanisation ou déshumanisation de l’homme
?
Cf.
texte
de Platon (le mythe d’Epiméthée)
:
- est-ce que l’homme naît immédiatement «
homme » ? (il ne naît en tout cas pas parfait, «
tout fait », « terminé » : c’est
grâce à la technique qu’il est un homme d’achevé)
- en quoi la technique est-elle nécessaire à l’homme
? utile seulement pour sa survie ?
Points positifs :
-
technique = mode d’agir humain, action de l’homme
sur la nature, « monde de l’homme »
- l’homme c’est une réalité culturelle
: à l’état de nature, ou à la naissance,
on peut parler d’homme en puissance, d’animal humain
: l’humanité désigne l’acquisition du
langage, la pensée, la liberté, etc., tout ce par
quoi l’homme n’est pas seulement un être naturel
ou un animal ; tout cela s’acquiert et se transmet ; on
peut donc se dire que par la technique, l’homme se fait
homme puisqu’il fait un monde à lui… cf. mythe
de Prométhée
Points
négatifs : d’un autre côté si la technique
fait l’homme, ne le défait-elle pas ? si la technique
ne « pense » pas, alors l’homme qui s’y
adonne ne devient-il pas un sous-homme ? ne dégrade-t-on
pas la civilisation elle-même ? Cf. aujourd’hui reproches
qu’on fait de la vision technique du monde. (tout devient
marchandise, objet, et objet, de surcroît, de consommation).
Cf. également les transformations de l’homme induites
par les avancées techniques : cf. problèmes «
familiaux » que posera le clonage !
La technique se retourne donc contre l’homme lui-même
!