Fiches Bac - La Culture

Principales notions concernées : l'interprétation, le vivant, la liberté

La cause est ce qui produit un phénomène, ce "à cause de quoi" quelque chose se produit. La fin, dans ce contexte, c'est ce en vue de quoi la chose se produit, son but, ce qu'elle vise.

La distinction cause/ fin vient d'Aristote. La cause est à l'origine du phénomène. la fin, elle, est à sa fin ! Par exemple, la cause d'une statue, c'est le sculpteur : c'est lui qui a "fait" la statue. Mais la fin de la statue, son but, sa finalité, c'est de décorer un palais : elle a été sculptée pour, en vue de, dans le but, de décorer le palais.

L'opposition cause et fin marque toute la différence entre la science des Anciens et la science des modernes, telle qu'elle commence à se développer au 17e avec Galilée et Descartes.Pour les Anciens, connaître une chose c'est connaître son but, sa cause finale, sa destination. Connaître la chenille, c'est par exemple savoir qu'elle va devenir papillon. Tandis que pour la science moderne, on ne peut pas vraiment connaître la fin (le but) des choses : "pourquoi l'univers ?" par exemple, est une question que l'on est obligé de laisser en suspens; mais on peut connaître les causes : le mécanisme qui produit les choses...

Principales notions concernées : la liberté; l'histoire; l'inconscient

Le contingent, c'est qui peut ne pas être; le nécessaire, c'est ce qui ne peut pas ne pas être (cf. lois physiques); le possible, c'est ce qui peut être.

  • Le problème est de savoir si le contingent, le possible, sont des façons d'"expliquer" le monde par ignorance : existent-ils seulement dans notre esprit, ou bien y a-t-il réellement, dans le monde, des causes "contingentes" ? (cf. existence du hasard). Tout ne serait-il pas nécessaire ?

Dans une conception déterministe du monde, tout ce qui arrive se produit de manière nécessaire. Tout a une cause, et il n'y a pas de hasard dans le monde, c'est-à-dire, pas de contingence : si je jette un dé, il y a un ensemble de causes qui se réunissent (angle de jetée, petits reliefs sur la table, etc.) pour que j'obtienne ces trois numéros là et pas autre chose. C'est pourquoi on peut calculer et prévoir le résultat des phénomènes dont on connaît les règles de fonctionnement (par exemple, on peut calculer la trajectoire d'un projectile d'après sa masse, la force et l'angle de projection, les frottements de l'air, etc.).

  • Autre problème : celui de la liberté : si tout est nécessaire, y a-t-il en effet une place pour la liberté de l'homme ?

Dans la vie courante, on admet l'existence de la contingence : il y a des choses qui se produisent et dont on a l'impression qu'elles auraient pu ne pas se produire (cf. l'accident de voiture). Mais surtout, on a le sentiment intime que cette décision que l'on a prise, est libre (on avait le choix au moment de la décision : j'aurais pu faire un autre choix... ).

Principales notions concernées : la religion; la vérité

Croire, c'est avoir une représentation hypothétique du monde, sans forcément admettre qu'elle est seulement hypothétique; savoir, c'est avoir une représentation vraie du monde, en sachant pourquoi elle est vraie.

Il y a un sens faible et un sens très fort de "croire" :

  • le sens faible, c'est avoir une opinion, comme lorsque je dis que "je crois qu'il fera beau demain". Au sens faible, la croyance est donc plus faible que le savoir.
  • mais il y a aussi un sens fort, comme lorsque je dis "je crois en Dieu", où la croyance se pose comme équivalente ou même plus forte que le savoir.

"Croire" et "savoir" ne s'opposent pas comme "faux" et "vrai" : je peux croire quelque chose ("il va faire beau") et que cela se vérifie, sans pour autant que cela ait été un savoir. Le savoir n'est donc pas seulement l'opinion juste ("droite", comme le dirait Platon) mais il doit être accompagné de preuves.

Opposition qui vient d’Aristote, et reprise par Hegel (cf. en soi et pour soi). Il distingue ce qui est réellement, effectivement, maintenant (en acte) ; et ce qui est potentiellement, virtuellement, c’est-à-dire ce qui peut être, qui tend à être mais qui n’est pas encore (en puissance).

Exemples :

(1) un poulain est en acte un poulain mais c’est en puissance un cheval, c’est-à-dire qu’il y a quelque chose dans le poulain (on dirait aujourd’hui un programme génétique) qui le fait progressivement devenir cheval adulte.
(2) un bébé est un être humain, mais il n’est pas immédiatement un être humain en acte (il ne l’est qu’en puissance) ; de même, il a en puissance le langage, mais in ne parle pas de manière effective dès la naissance !

Enjeu : cette distinction permet de penser le devenir des êtres : elle permet d’expliquer pourquoi le poulain (ou moi, ou n’importe quel être) change mais reste pourtant le même animal. Elle permet ainsi de penser la permanence des êtres malgré le passage du temps.

Principales notions concernées : l’existence et le temps ; l’histoire ; le travail et la technique ; le vivant ; la matière et l’esprit

le fait peut-il faire droit ? ce qui est peut-il devenir une norme de conduite pour l'homme ? Ici, l'être correspond à la nature, le droit, au jugement ou à la valeur, la norme, l'idéal...

Principales notions concernées : justice et droit; devoir

Renvoie à la différence entre l'être et le devoir-être. Ce qui est "en fait", c'est ce qui est effectivement, "actuellement". Ce qui est "en droit", c'est ce qui doit être, mais qui n'est pas nécessairement, et ne sera peut-être jamais.

Exemple : rapport entre la loi et les faits : en droit, il ne faut pas voler, mais en fait, il y a des gens qui volent.

Dans l'expression "en droit", le mot droit a un sens plus large que son sens strictement juridique. Il peut renvoyer, par exemple, à une règle morale, ou même, à une règle logique. Ce qui compte, c'est la distinction entre deux ordres de réalités, les normes et les faits, ce qui permet d'évaluer les faits à l'aune de quelque chose d'autre qu'eux, pour porter un jugement sur eux (exemple : dire que tel acte est légal, ou juste). Ce qui est "en droit" fournit un critère d'évaluation de ce qui est "en fait". Le problème est de savoir comment on applique le droit au fait : car s'il s'agit de deux ordres de réalité distincts, comment mesurer l'un par rapport à l'autre ? Dans le domaine juridique, on rencontre souvent cette question :comment appliquer la loi, générale, à un cas particulier ?

Principales notions concernées : le sujet; l'existence et le temps; l'histoire; la liberté

L'essentiel est ce qui appartient à l'essence d'une chose, c'est-à-dire ce qui lui est nécessairement lié, ce qui appartient à sa définition, ce sans quoi la chose ne serait pas ce qu'elle est.

L'accidentel, c'est ce qui appartient à une chose de manière contingente, qu'elle peut ne pas avoir tout en restant elle-même.

Par exemple, en chimie, l'oxygène et l'hydrogène sont essentiels pour former ce que l'on appelle l'eau : si l'on enlève l'un de ces éléments, ou même si on modifie trop leur proportion, ce n'est plus de l'eau; par contre il peut y avoir un peu de carbone en plus (de la poussière) : c'est accidentel, cela ne change pas le fait que c'est de l'eau.

Selon une définition classique de l'homme, on dira qu'il est essentiel à l'homme d'être rationnel ; sans la raison, on a affaire à un animal (un bébé ayant potentiellement, en puissance, la raison, il est considéré comme un homme... cf. distinction en puissance et en acte). Par contre, il est accidentel qu'un homme soit blanc ou noir, blond ou brun...

Principales notions concernées : le sujet, la conscience, le droit, autrui

Etre identique, c'est le fait d'être le même d'un point de vue qualitatif ; être égal, c'est le fait d'être le même d'un point de vue quantitatif; la différence peut signifier à la ois la différence qualitative (être autre) ou la différence quantitative (être plus grand, plus petit...).

Par exemple, lorsqu'on dit que "tous les hommes sont égaux en droit", on ne dit pas que tous les hommes sont identiques : on dit qu'ils sont égaux, c'est-à-dire, qu'ils sont différents individuellement, mais que, en ce qui concerne leurs droits, nul n'en a plus ou moins qu'un autre. La force de la notion d'égalité, c'est qu'elle permet de penser la même dans la différence.

Principales notions concernées : la vérité; la démonstration; la perception; le langage; l'interprétation

L'intuitif est un mode d'appréhension directe du réel qui ne passe pas par le langage; le discursif est un mode d'appréhension du réel qui passe par le discours, donc, par le langage et la raison.

  • L'intuition est une manière de voir directement le réel par l'esprit.

On peut y voir une faculté infra-rationnelle, qui ressemble à l'instinct animal; ou une faculté supra-rationnelle, d'ordre mystique. Le cliché de "l'intuition féminine" joue sur ces deux registres. Avoir l'intuition de quelque chose, ici, c'est le deviner, le pressentir. Lorsqu'il s'agit de la réalité extérieure, croire à l'intuition, c'est croire qu'il existe une sorte de 6e sens.

  • En philosophie, l'intuition désigne plutôt la faculté qu'a la conscience de voir en elle-même.

"Intuitionner", c'est voir "en" soi, c'est avoir conscience de ses propres pensées. Le cogito cartésien est ainsi une intuition première de soi par soi. La connaissance discursive peut reposer sur des intuitions premières, mais elle les dépasse ensuite en les élaborant dans la pensée articulée et dans le langage. Par exemple, le syllogisme "Socrate est un homme, or tous les hommes sont mortels, donc Socrate est mortel" est un raisonnement discursif. Dans ce raisonnement, j'arrive à la conclusion par des étapes : je ne "vois" pas immédiatement le résultat, je le déduis, ou je le construis, à partir de ce qui précède. Par contre, la notion de "triangle" fait l'objet d'une intuition immédiate : je "vois" directement en moi ce qu'est un triangle.

on dit souvent d'une loi qu'elle est "légale", et que par conséquent, on n'a pas le droit d'y désobéir; problème : ne faut-il pas encore que cette loi soit légitime, conforme à la justice, pour être suivie ?

Principales notions concernées : justice et droit; devoir; liberté; Etat; interprétation

Ce qui est légal, c'est ce qui est conforme à la loi positive (instituée par les hommes, et valable dans une certaine société, en un certain lieu et en un certain temps).

Ce qui est légitime, c'est ce qui est conforme à l'idée (ou idéal) de justice (cf. notion de droit naturel), et qui est donc reconnu comme devant être suivi.

On considère souvent qu'une loi, pour être légale, n'est pas pour autant légitime. Toutefois, ici, problème de l'interprétation des lois : au nom de quoi jugera-t-on de la légitimité des lois ? De notre conscience morale ? problème : elle est subjective ! Des droits naturels ? Problème : même s'ils sont supposés être universels et par conséquent objectifs, il faut alors supposer une nature humaine non changeante...

La légalité est une contrainte extérieure à l'individu; mais si je reconnais quelque chose comme légitime, cela signifie que je le reconnais de mon plein gré. La légalité détermine donc l'obéissance de manière extérieure, tandis que la légitimité détermine l'obéissance de manière subjective. Cf. repère conceptuel obligation et contrainte.

Exemple : Antigone (personnage célèbre de la tragédie de Sophocle) : elle veut enterre son frère, Polynice, malgré l'interdiction légale. Elle va contre les lois de la cité, au nom de la légitimité de ce qu'on appelle les "lois non écrites", qui relient le frère et la soeur. Elle y perdra la vie.

On a donc là deux types de devoirs qui ne coïncident pas toujours. Lorsqu'on fait la révolution, par exemple, on considère que les lois sont illégitimes.

Principales notions concernées : la conscience; la perception; la vérité

Est médiat ce qui passe par quelque chose d'autre (un inter-médiaire) pour atteindre son but; est immédiat, ce qui l'atteint directement.

Par exemple, l'intuition est une connaissance immédiate alors que la connaissance par raisonnement est médiate (on dit qu'elle est "médiée" par le raisonnement, ce qui veut dire qu'elle passe par le raisonnement). On oppose ainsi l'immédiateté des sens, au caractère médiat de la pensée réfléchie.

Problème : l'immédiateté existe-t-elle ? Cf. possibilité d'un point de contact sans intermédiaires ?

dans la vie quotidienne, on utilise le terme de devoir de façon très large; je suis "obligé" et "je suis contraint", pour le sens commun, c'est la même chose... En fait, le véritable sens du mot "devoir" rejoint la notion d'"obligation", non de "contrainte", comme nous le montre le texte de Rousseau dont nous partons dans cette fiche. ce qui signifie que le devoir est toujours moral...

Principales notions concernées : le droit et la justice, le devoir, la liberté, l'Etat

Jean-Jacques ROUSSEAU, Du Contrat social (1762), livre I, chap. III, Force ne fait pas droit :

"Si c'est la force qui fonde le droit, alors toute force qui en surpasse une autre établit un nouveau droit qui annule et remplace le précédent. Il suffit que le vainqueur d'hier devienne le vaincu d'aujourd'hui pour que bascule avec lui tout le système des droits et des devoirs. Confondre la force et le droit, c'est confondre la contrainte physique et l'obligation morale. La force contraignante supprime ma liberté (elle ne me laisse aucun choix), tandis que l'obligation morale suppose ma liberté (elle prescrit des actions que je suis toujours libre d'accomplir ou non). Le plus fort n'est jamais assez fort pour être toujours le maître, s'il ne transforme sa force en droit, et l'obéissance en devoir. De là le droit du plus fort; droit pris ironiquement en apparence, et réellement établi en principe. Mais ne nous expliquera-t-on jamais ce mot ? La force est une puissance physique; je ne vois point quelle moralité peut résulter de ses effets. Céder à la force est un acte de nécessité, non de volonté; c'est tout au plus un acte de prudence. En quel sens pourra-ce être un devoir ?Obéissez aux puissances. Si cela veut dire : Cédez à la force, le précepte est bon, mais superflu; je réponds qu'il ne sera jamais violé. (…) Qu'un brigand me surprenne au coin d'un bois, non seulement il faut par force donner sa bourse; mais, quand je pourrais la soustraire, suis-je en conscience obligé de la donner ? Car, enfin, le pistolet qu'il tient est une puissance .Convenons donc que force ne fait pas droit, et qu'on n'est obligé d'obéir qu'aux puissances légitimes. Ainsi ma question primitive revient toujours."

Question 1 : Pourquoi donc selon Rousseau, la notion de ``droit du plus fort'' est-elle condamnable ? et surtout incohérente ?

- Incohérente : c’est un droit ineffectif, qui s’auto-détruit (cf. début), et qui donc, ne sert à rien


- Condamnable : détruit la liberté de l’homme (alors que soi-disant le droit est fait pour assurer la liberté !) ; et la morale (cf. question suivante)

Question 2 : Qu’est-ce que le devoir ? Quelle différence feriez-vous entre contrainte et obligation ?

- Le devoir : se sentir obligé envers quelqu’un/ quelque chose = obligation d’obéir. (« Debere » : être obligé d’obéir).


- L’obligation : Cf. latin « obligatio », « lien juridique ». Terme utilisé en droit et en morale. Le sens en droit, s’approche de la contrainte (lien par lequel vous êtes astreint à faire ou ne pas faire quelque chose).


Pourtant, là seulement où vous n’êtes pas contraint, où il n’y a pas nécessité, il y a du sens à utiliser le mot de « devoir ». L’obligation et le devoir supposent donc la liberté de l’homme. Cf. distinction « ce qui est » et « ce qui doit être ».

Peut-on donc parler d’un devoir non moral, comme le supposerait la philosophie positiviste de Hobbes ? Ce serait un ordre, quelque chose de contraignant ; on se contredit donc, car on ne voit pas alors pourquoi utiliser le mot de « devoir » ! Il est superflu !

Ainsi, quand nous agissons par obligation, c'est que nous acquiescons à la loi ou à l'impératif auquel on obéit (à tel point que cette loi ou cet impératif, nous aurions pu nous-mêmes nous le donner = cf. notion d'autonomie kantienne). L'obligation ne s'oppose nullement à la liberté (cf. Rousseau, Contrat Social : "l'obéissance à la loi qu'on s'est prescrite est liberté"). Par contre, quand nous agissons par contrainte, nous obéissons alors à une force extérieure qui nous pousse à agir contre notre gré. Or, comme le dit Rousseau, nous ne sommes obligés d'obéir qu'aux puissances légitimes (et non, par exemple, à un ordre qui repose sur la force, la menace...). On notera que les lois de la physique nous contraignent (loi de la gravité; boire...). Pas les lois positives... (?). Sauf si celles-ci sont conformes au droit naturel, cf; fiche droit.

Principales notions concernées : l'existence et le temps; théorie et expérience; la démonstration; l'histoire; le droit et la justice; l'Etat

L'origine, c'est le point de départ chronologique d'un processus; le fondement, c'est le point de départ logique.

Le fondement a un double sens : il est à la fois ce qui justifie et ce qui légitime. On utilise donc cette distinction dans le domaine de la connaissance (qu'est-ce qui fonde telle connaissance, tel raisonnement ? -cf. Descartes et la question du fondement des connaissances dans les Méditations Métaphysiques; cf. également la question de la validité d'une démonstration) mais aussi dans le domaine du droit (qu'est-ce qui permet de justifier, au sens de légitimer, une loi ? ou même le phénomène du droit dans son ensemble ?)

  • Dans le domaine de la connaissance

Exemple : l'origine du monde, est racontée dans la Bible, dans la Genèse, ou bien elle est décrite en termes scientifiques dans la théorie du Big Bang; mais ces deux descriptions n'expliquent pas le fondement du monde. Expliquer le fondement du monde supposerait de pouvoir dire pourquoi le monde existe. La Genèse et la théorie du Big Bang décrivent comment il a commencé.

On parle donc de l'origine d'un processus, tandis que l'on parlera plutôt du fondement d'une théorie. Ainsi, le fondement d'un raisonnement, ce sont les principes ou les hypothèses sur lesquels il repose et d'où sont déduites les conclusions.

  • Dans le domaine du droit

Question que se posent tous les philosophes du Contrat Social (cf. Rousseau, Locke, Hobbes) : les lois, l'Etat, sont-ils justifiés au sens non pas de valide rationnellement mais au sens où ce serait légitime ? Leur question est donc celle du fondement des lois. Pour y répondre, ils se demandent comment les hommes vivraient sans lois, sans Etat. On pourrait donc se dire : alors, ce qui permet de fonder les lois, c'est de remonter à leur origine (processus historique, chronologique) ? Non, car l'origine à laquelle ces philosophes "reviennent" n'est justement pas une origine réelle, historique, mais une idée (cf. l'état de nature : il n'a pas réellement existé !).

On retrouve cette ambiguïté chez Rousseau, cf. Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes :il fait ici à la fois le récit de la naissance de la société, et montre, dans ce récit, quelles sont les raisons qui ont fait se développer les inégalités.

Principales notions concernées : la démonstration; la vérité; la politique; la justice et le droit; désir et passions; autrui; la raison

Persuader c'est emporter l'adhésion de l'auditeur en faisant appel à ses émotions et à son imagination.

Convaincre, c'est emporter l'adhésion grâce à des arguments rationnels. Persuader, c'est donc faire croire quelque chose à quelqu'un, sans que ce soit nécessairement vrai. Convaincre, c'est faire reconnaître la vérité de quelque chose par quelqu'un.

L'opposition entre persuader et convaincre, c'est l'opposition entre Socrate et les sophistes. Les sophistes avaient pour but de persuader leur auditoire de la cause qu'ils plaidaient, sans se poser la question de la justice. Socrate, lui, cherchait à convaincre de la vérité de ses raisonnements. On pourrait croire que la meilleure manière de persuader quelqu'un, c'est de lui dire la vérité. Mais la vérité est parfois plus difficile à admettre que ce que l'on a envie d'entendre.

NB : dans la première Méditation de Descartes, Descartes ne fait pas un usage négatif du terme de "persuader" : il ne renvoie pas nécessairement à la tromperie et à la manipulation des foules, mais tout simplement à l'idée selon laquelle pour véritablement être convaincu de quelque chose, il faut également en être intimement persuadé, l'un ne va pas sans l'autre ! (cela signifie tout smplement que nous ne sommes pas pure raison, ou encore des machines : si en mathématiques la conviction suffit, pas dans les autres domaines !)

Principales notions concernées : la démonstration; la vérité; le devoir

Un principe est le point de départ (ce qui vient "en premier") d'une action, d'un raisonnement ou d'un processus.

Une conséquence est ce qui découle (ce qui "suit") de ce point de départ.

On peut distinguer 3 domaines où ces concepts sont utiles : la morale, la logique, la physique.

  • En morale

Quand je dis que "j'ai des principes", j'affirme fonder ma conduite sur des règles que je mets ensuite en application dans ma vie. La tolérance par exemple. Un principe moral s'appelle un motif, c'est une raison d'agir. On parle de mobile si ce principe est en nous par tradition, par éducation, etc., de manière non consciente.

  • En logique

Un principe est l'hypothèse qui sert de base à mon raisonnement : les anciens mathématiciens distinguaient ainsi les axiomes (vérités évidentes), les postulats (que l'on demande d'admettre pour permettre la démonstration) et les définitions (que l'on pose). Ce sont là trois types de principes à partir desquels on va démontrer les propositions mathématiques plus complexes, notamment les théorèmes. Ceux-ci, à leur tour, pourront servir de principes pour des démonstrations ultérieures.

  • En physique

On parle aussi de principes, comme par exemple quand on parle du principe d'un mouvement pour désigner ce qui cause le mouvement (la gravité terrestre, ou bien la main qui lance une pierre).

Le motif moral, l'hypothèse rationnelle, la cause physique, sont des principes de type très différents, mais qui ont en commun d'être à l'origine (ou au fondement) de conséquences, elles-mêmes d'ordre moral, logique ou physique.

NB : le principe de tous les principes, sur lequel toute notre connaissance reposerait, est chez Descartes le cogito !

Principales notions concernées : perception; démonstration; vérité; interprétation

Il existe une ressemblance entre plusieurs choses lorsqu'elles ont des propriétés communes qui leur donnent des aspects semblables.

Il y a analogie lorsqu'il y a une structure commune à ces choses.

Ainsi, deux choses qui se ressemblent ont forcément une certaine analogie l'une avec l'autre. La réciproque n'est pas vraie : il peut y avoir une analogie entre des choses qui ne se ressemblent pas. Par exemple, deux personnes se ressemblent parce qu'elles ont certains traits communs, ce qui suppose qu'elles aient une structure générale comparable. En revanche, il peut y avoir analogie entre des choses qui n'ont pas de trait commun. Par exemple, la chiromancie (lire les lignes de la main) repose sur l'idée qu'il existe une analogie entre les lignes de la main et les événements de la vie : la forme de la main et de ses lignes est donc censée représenter le cours de la vie.

La ressemblance est plutôt d'ordre sensible : on la perçoit par les sens; l'analogie est plutôt d'ordre intelligible : on l'établit de manière intellectuelle, et c'est pourquoi on ne passe pas nécessairement par une ressemblance. On parle de "raisonnement par analogie" : cela consiste à appliquer une relation de cause à effet, dans une situation connue, à une autre situation, ce qui permet de prévoir l'effet auquel on doit s'attendre.

Dans les deux cas, ressemblance et analogie, il y a une part de subjectivité. C'est pourquoi la ressemblance entre deux choses peut être perçue par certains et pas par d'autres. Quant à l'analogie, elle peut être construite de manière arbitraire, entre des termes parfaitement étrangers, pourvu que l'on parvienne à créer un système de correspondances entre eux : entre la position des planètes et le caractère des gens, entre des tâches de café et une histoire d'amour, entre une succession de cartes de tarots et une succession d'événements, etc.

Principales notions concernées : la conscience, l'interprétation, la vérité

Propre à l’individu

1) ce qui est propre à chacun, personnel, sa façon propre de voir les choses (goûts musicaux, sensations de faim, de chaud ou de froid, etc., sentiments) –ici, on parle de subjectivité comme ce qui est le plus intérieur à chacun, le plus personnel

2) partialité, préjugé, parti-pris (opinion !) Accord entre individus Jugement impartial, sans parti-pris, sur lequel tout le monde pourrait s’accorder (puisqu’il ne dépend pas que de sensation ou sentiment de chacun) ; aucune part de subjectivité individuelle ; prouvé, démontré (exemple : 2+2=4)


Propre à l’homme

3) subjectivité, être un sujet : être une conscience, pouvoir dire « je », sentir les choses, etc. (surtout capacité de s’opposer un monde, de se distinguer du monde)

4) façon dont sont les choses pour l’homme : exemples : les choses ne sont dans le temps que pour l’homme (cf. aussi couleurs, causalité, etc.) ; existent-elles hors de nous, dans les choses, ou bien n’est-ce que l’interaction entre l’esprit et le monde ? Monde extérieur (« en soi ») Ce qui existe en dehors de notre pensée/ connaissance (le monde tel qu’il est vraiment, en soi, sans nous, sans point de vue humain sur les choses)

Bref, est subjectif en général un jugement par lequel on projette trop ce qui ne vaut que de nous (comme individu ou comme homme) sur les choses, sur le monde extérieur. Par exemple on va dire que si on a froid, c’est qu’il fait effectivement froid, ou que l’espace existe ailleurs que dans notre pensée : on croit donc que les choses sont telles qu’on les appréhende.

Principales notions concernées : la religion; la conscience, la matière et l'esprit

Transcendant signifie extérieur, "au-delà"; immanent signifie "intérieur", "en dedans".

Ces adjectifs concernent particulièrement les rapports de Dieu au monde.

  • Dire que Dieu est "transcendant", c'est dire qu'il est extérieur au monde, qu'il le crée comme quelque chose vis-à-vis de quoi il se tient à une certaine sorte de distance : c'est la distance qui sépare le Créateur de sa créature. Dieu est comme le principe et le monde comme la conséquence.
  • Dire qu'il est immanent, c'est dire au contraire que Dieu est "dans" les choses, partout... (cf. Spinoza, Ethique : pour lui, Dieu et la Nature sont la même chose, cela, parce que Dieu est tellement "dans" le monde qu'il ne se distingue plus de lui : il EST le monde).

Mais on retrouve aussi cette idée de transcendance chez Platon, pour qui le monde des Idées est transcendant au monde sensible : il se situe "au-delà", et pas seulement "plus loin" : de l'un à l'autre, il y a un véritable saut qualitatif...


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