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DOSSIER THEMATIQUE : L'ANIMAL

page créée le 01/01/2003

 

 

Résumé:

liens associés

- cours sur le langage des animaux

 

Textes philosophiques

Descartes, Lettre à Newcastle : pourquoi les animaux ne parlent pas

" Enfin, il n'y a aucune de nos actions extérieures, qui puissent assurer ceux qui les examinent, que notre corps n'est pas seulement une machine qui se remue de soi-même, mais qu'il y a aussi en lui une âme qui a des pensées, exceptées les paroles, ou autres signes, faits à propos de ce qui se présente, sans se rapporter à aucune passion. Je dis les paroles ou autres signes, parce que les muets se servent de signes en même façon que nous de la voix ; et que ces signes soient à propos, pour exclure le parler des perroquets sans exclure celui des fous, qui ne laisse pas d'être à propos des sujets qui se présentent, bien qu'il ne suive pas la raison ; et j'ajoute que ces paroles ou signes ne se doivent rapporter à aucune passion, pour exclure non seulement les cris de joie ou de tristesse, et semblables, mais aussi tout ce qui peut être enseigné par artifice aux animaux ; car si on apprend à une pie à dire bonjour à sa maîtresse, lorsqu'elle la voit arriver, ce ne peut être qu'en faisant que la prolation de cette parole devienne le mouvement de quelqu'une de ses passions ; à savoir, ce sera un mouvement de l'espérance qu'elle a de manger, si l'on a toujours accoutumé de lui donner quelque friandise, lorsqu'elle l'a dit ; et ainsi toutes les choses qu'on fait faire aux chiens, chevaux et aux singes ne sont que des mouvements de leur crainte, de leur espérance, ou de leur joie, en sorte qu'ils les peuvent faire sans pensée. Or, il est, ce me semble, fort remarquable que la parole étant ainsi définie, ne convient qu'à l'homme seul. Car bien que Montaigne et Charron aient dit qu'il y a plus de différence d'homme à homme, que d'homme à bête, il ne s'est toutefois jamais trouvé aucune bête si parfaite qu'elle ait usé de quelque signe, pour faire entendre à d'autres animaux quelque chose qui n'eût point de rapport à ses passions, et il n'y a point d'homme si imparfait qu'il n'en use ; en sorte que ceux qui sont sourds et muets, inventent des signes particuliers, par lesquels ils expriment leurs pensées. Ce qui me semble un très fort argument, pour prouver que ce qui fait que les bêtes ne parlent point comme nous, est qu'elles n'ont pas de pensées, et non point que les organes leur manquent. Et on ne peut pas dire qu'elles parlent entre elles, mais que nous ne les entendons pas ; car, comme les chiens et quelques autres animaux nous expriment leurs passions, ils nous exprimeraient aussi bien leurs pensées, s'ils en avaient."

 

Commentaire

Plan :

1) "Enfin" à "faire sans pensée" : les conditions de la parole

a) "Enfin" à " passions" : problématique et énoncé des conditions de la parole

b) "Je dis" à "sans pensée" : explicitation

2) "Or" à "en avaient" : conclusion : seuls les hommes parlent (ie, pensent)

3 arguments qui répondent à des objections (voir détail)

Première Partie :

Point de départ de Descartes : comment puis-je être certain de savoir que les autres ne sont pas des corps ou des machines, mais qu'ils pensent? Comment attribuer avec certitude la pensée à un autre être que moi? (pensée : conscience, esprit, ou bien idée, représentation, ie, chose pensante ou attributs de cette chose pensante?)

Ce qui nous permet d'attribuer la pensée à autrui, de savoir qu'il pense, c'est la parole. Dès lors, Descartes définit la parole comme expression et communication de ses pensées à autrui (pas comme expression de sa conscience!). Précisons que la parole ne suppose pas la voix car elle peut être remplacée par des signes : cf. sourds-muets

Suffit-il de voir quelqu'un parler pour être assuré qu'il parle véritablement? Pouvons-nous vraiment savoir quand il y a parole? Problème : si nous ne pouvons reconnaître quand il y a parole, alors, on ne peut pas non plus savoir que l'autre pense! Pour le moment, nous savons que parler suppose soit usage de la voix, soit de signes, afin d'exprimer des pensées. Descartes va ajouter deux autres critères : 1) être à propos de (ie : en rapport avec le contexte d'un discours) et 2) ne pas être l'effet des passions.

Pourquoi cette précision ? Car il craint qu'on attribue la pensée à des êtres qui n'en ont pas, mais qui pourtant nous paraissent bien parler. Ainsi, des êtres s'expriment, mais sans à propos : ils ne parlent pas. De nouveau, problème : des animaux dressés paraissent bien s'exprimer à propos : ainsi, le perroquet disant bonjour. Mais est-ce vraiment de l'à-propos? N'est-ce pas plutôt le résultat d'un dressage, et par là, l'effet d'une passion (cf. espérance ou crainte)?.

Deuxième partie : pourquoi les animaux ne parlent-ils pas?

Réponse : il répond à Montaigne que :

a) ils échangent des signes mais n'expriment pas des idées, mais leurs passions : communiquer n'implique pas qu'on parle

b) ce n'est pas parce qu'ils n'ont pas les moyens physiques de le faire : ainsi, les sourds et muets ne parleraient pas

c) ce n'est pas non plus parce que nous ne les comprenons pas : sinon, il y aurait absence totale de communication entre les espèces! Or : mon chien me montre qu'il est content si je lui donne un gâteau : je le comprends et nous communiquons. Il y a échanges entre nous.

Argument de Descartes :

(1) les animaux nous expriment leurs passions

(2) s'ils peuvent nous exprimer leurs passions, alors pourquoi ne nous exprimeraient-ils pas leurs pensées s'ils en avaient?

Résumé : les paroles sont pour Descartes la manifestation de pensées et donc de l'esprit. Car seul un esprit peut avoir des pensées. La parole est donc un moyen sûr de savoir si les autres pensent et sont doués d'esprit. Mais plus encore, il a montré dans ce texte que seul l'homme est doué de pensée, et par conséquent que seul il pense. Donc : qu'il y a une différence de nature entre les hommes et les animaux.

Enjeu en ce qui concerne la question du langage animal : (quelles sont les conditions nécessaires pour parler ?)

Si le langage a pour caractéristique principale d'être symbolique, de signifier, cette caractéristique n'est pourtant pas suffisante pour dire qu'il y a langage au sens propre du terme. En effet, il faut encore que ce symbolisme soit lié à l'exercice de la parole. C'est-à-dire, nous dit Descartes, à l'expression et la communication d'une pensée. Mais encore : qu'il y ait volonté expresse et consciente de d'utiliser ces signes en vue d'exprimer quelque chose (cf. fait que ce n'est pas une réaction automatique, spontanée, non voulue, face à une situation). Ainsi, une chose, un animal, un ordinateur, ne parlent pas : ils expriment ou montrent quelque chose, ils communiquent entre eux ou avec nous, mais ils ne s'expriment pas. Car ils ne font pas usage de la parole dans un but expressif, ils n'utilisent pas intentionnellement les signes ou la voix. Il faut donc distinguer l'expression et la communication qui relève de la parole, et celle de ce qui n'en relève pas. Le langage suppose donc un nouveau critère : le caractère délibéré, volontaire, qui s'oppose à la passivité, à la réaction, au non intentionnel. Autres exemples : émotions : expriment quelque chose : indique quelque chose mais c'est involontaire; et c'est mon sentiment, pas ma pensée qui est ici exprimé Lapsus : exprime un désir inconscient : ce n'est pas volontaire, délibéré! Dernier problème : l'artiste s'exprime! Et Je peux aussi parfois exprimer délibérément par mon expression une idée (le silence : renvoie à mon mécontentement). On va alors répondre que le dernier critère sera : la transparence du langage, la maîtrise, l'univocité. Tout cela n'est pas vraiment expression ou communication d'une idée car le sens est opaque. Il faut de toute façon parler pour le comprendre, le mettre en discours... On peut dire que le signe ne parle pas de lui-même.

 

 

 

 


 

 

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