Les mots cachent-ils les choses ?

Plan

-Ne pas faire : remplacer la question posée par "les mots cachent-ils nos idées"?

-Il aurait fallu définir les termes au lieu de se précipiter : un mot est un signe linguistique; il sert à communiquer avec les autres, i.e., à exprimer ce qu'on pense certes; mais avant tout, signe qui désigne soit un sentiment, soit une idée précise, soit une chose (=quelque chose d'extérieur à nous, la réalité, le monde).

Ici : porte sur cette dernière fonction. C'est elle qu'il s'agit d'interroger. Les mots, signes linguistiques permettant de parler de la réalité, de la décrire, de la désigner, ne la cacheraient-ils pas au lieu de la montrer? Problème : rapports langage réalité/vérité. Ou : rapports mots et ce qu'ils désignent.

Les mots désignent-ils les choses pour ce qu'elles sont, en en respectant la nature, ou au contraire nous empêchent-ils d'être en relation directe avec la réalité?

-questions subordonnées : Pourquoi les mots au lieu de montrer la réalité qu'ils sont censés désigner, ne pourraient en fait que la cacher? Est-ce inscrit dans la définition même du langage? Ou bien est-ce de notre faute? Et alors, que montrent-ils au lieu des choses?


Corrigé

I- Le mensonge et les échecs du langage.

-les mots peuvent nous servir à cacher intentionnellement certaines choses.

-mais surtout, nous avons souvent le sentiment d'un écart impossible à combler entre les mots et la réalité (je ne trouve pas mes mots, il n'existe pas de mots pour dire ce que je ressens). Cela vient avant tout de la pauvreté et de la généralité du vocabulaire (la réalité au contraire serait complexe, riche). Cf.Bergson ou Nietzsche.

-répondre avec Hegel que cet échec du langage à dire les choses n'est pas essentiel, i.e., n'est pas dû au langage lui-même, mais au locuteur : c'est lui qui se révèle incapable d'utiliser les mots de sa langue. Le langage n'est pas en soi faillible, incapable de dire les choses (que ce soit le monde extérieur ou mon moi intérieur) mais l'incapacité à dire les choses vient d'une ignorance linguistique du sujet qui utilise la langue.

II- Ce qu'il importe donc de savoir c'est s'il y a quelque chose dans les mots en eux-mêmes qui cacherait les choses.

A- Généralité du mot et individualité des choses.

-on peut répondre à Hegel que la généralité des mots cache quand même, comme le dit bien Bergson, les différences individuelles des choses, ce qui les caractérise en propre. Les mots cachent l'individualité des choses, ce sont des concepts. Cela découle de la notion même de "concept", et cela n'est pas notre faute.

-certes, on peut répondre que les mots, en tant que concepts, nous font alors connaître la réalité profonde des choses (l'essence, la nature réelle) puisqu'on ne retient par exemple de la table que ce qui est "propre" à la table en tant que table, et non ce qui est accidentel.

B- Analyse du signe linguistique : le mot renvoie non à la chose, mais aux idées que nous nous faisons des choses. (Opposition Cratyle -les mots sont comme les choses-/Saussure)

-mais si on analyse précisément ce qu'est un signe linguistique, on voit que la relation entre le concept et la chose est complexe: les mots, signifiants, renvoient d'abord à un signifié, à un concept, une idée, une représentation que nous nous faisons de la chose. Les mots ne renvoient pas immédiatement aux choses, ils ne les recopient pas. Le propre du langage = le symbolisme.

Caractère arbitraire du signe.

Il est donc inscrit dans la nature même du mot, signe linguistique, qu'il cache les choses. Pas de relation immédiate du mot à la réalité.

-Problème : les mots ne renvoient alors pas du tout à la réalité, mais à nos idées. Langage et culture. Alors, aucun lien au réel? Faire une analyse du mot "table" ou de n'importe quel mot et montrer qu'il véhicule des valeurs, une vision du monde.

Cf. traduction : si les mots ne faisaient que "montrer" des choses, que renvoyer immédiatement aux choses, alors, ce serait facile de traduire. Or, ce n'est pas le cas. Il faut aussi connaître la culture associée à cette langue.

III- Critique de II : mais ça marche quand même! On peut de plus sortir de notre culture… Cela signifie que les mots ne cachent pas les choses

Le langage ne peut renvoyer qu'à l'homme, au sujet qui utilise les mots.


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